lundi 14 avril 2014

Du Cap à Popenguine du 7 février au 9 avril 2014

Cap Skiring

Petite ville au bout de la Casamance (le sud du Sénégal) où nous attend notre ami Jean-Marc de Cogolin (notre ville avant d'être dans les Landes). Jean-Marc est venu s'installer ici en Casamance et à commencé une activité maraîchère depuis cette année. Lorsque nous préparions ce voyage et plus précisément nos choix des pays que l'on souhaitait découvrir, Jean-Marc tout comme Gérard de Zagafrica (voir le blog ici http://www.zagafrica.fr/) a semé une petite graine qui a si bien germé que nous voilà sur les routes d'Afrique.

Notre première grand étape était donc d'arriver jusqu'à lui, d'en profiter pour faire une bonne pause et éventuellement lui filer un modeste coup de main sur son terrain.

Pour rejoindre Cap Skiring, nous avons pris le bateau de Dakar à Ziguinchor (la plus grande ville de la Casamance) pour une traversée d'environ 15h de nuit. Comme pour tout transport, notre grande question est toujours liée à la gestion des vélos, comment, quoi et surtout combien ? Nous n'avions pas de réponses précises à ces questions. Tout allait se décider le jour J, une fois sur place, car malgré la très bonne organisation de la part de la compagnie maritime, notre situation ne fait pas, comme à chaque fois, partie des choses prévues ! C'est donc avec cette inconnue que nous arrivons au port le jour du départ. Tout compte fait, les choses ne seront pas si compliquées, nous pouvons laisser tous nos bagages inutiles sur les vélos directement, sans rien démonter et le prix à payer est correct. Le personnel qui s'occupe de charger les marchandises... se fera une joie de monter sur nos vélos pour les faire rentrer dans le bateau, surtout cet "étrange vélo"... le pino !

Les enfants sont excités, nous parcourons le bateau dans tous les sens pour découvrir ce "gros" bateau. Les lumières de Dakar disparaissent petit à petit. Nous profitons des douches chaudes avec serviettes. Après un petit repas sandwich, les enfants trouveront assez vite le sommeil par terre entre les fauteuils malgré le bruit de cette salle collective où la télé et les conversations des personnes se font concurrence pour l'audience !!! Pour nous, c'est une autre histoire !

Au petit matin, alors que le bateau remonte le fleuve Casamance, nous avons la chance de pouvoir observer la danse des dauphins venus nous saluer. Tout le monde est sur le pont, Zoé et Yan sont aux aguets et explosent de joie à chaque saut des mammifères. Yan joue avec les rares enfants, il se fait bien copain avec Gaël qui habite aussi à Cap Skiring. Nous échangeons notre téléphone avec les parents pour se retrouver dans quelques jours. 




Nos premiers tours de roue sur les routes de cette nouvelle région nous émerveillent, la végétation est magnifique et variée. Nous nous régalons à chaque fois que nous croisons un baobab ou un fromager. Ces arbres géants ont fière allure et un petit quelque chose de mystique, on adore. Il y a aussi des manguiers gigantesques à faire rêver voire rager tout les amoureux de ce fruit qui passent à la mauvaise période, n'est ce pas mon chéri ! Pour les anacardiers c'est pareil, ils sont en fleurs cela sent super bon mais pour les noix de cajou c'est rappé !! Grrr!!
Heureusement, dans toute cette belle nature végétale, il y a aussi de superbes oiseaux avec des couleurs  et des chants incroyables.





Arrivée à Cap Skiring, nous retrouvons Jean-Marc à la terrasse d'un bar, le Biarritz !! Comment ça ? Nous nous serions trompés de direction ? Mais non, c'est juste une belle basquaise, Claude, qui est venue s'installer ici avec son mari Issa, et nous voilà de "retour" chez nous.



Nous nous installons chez Rosine qui tient un campement. C'est ici que vit notre amie qui loue une chambre à l'année. Rosine est une femme remarquable qui s'occupe seule de ses enfants (Mamy, Adèle, Marie-Nicole, Christophe et Thomas ainsi que Honicia sa nièce), du campement où des hommes viennent boire le bounouk, le vin de palme très prisé en Casamance.
Nous restons ici jusqu'au 22 mars, nous nous intégrons petit à petit à cette charmante famille. Nous partageons leur quotidien entre ménage, préparation des repas, devoirs des plus jeunes mais aussi malheureusement deuil d'un membre de la famille sur Dakar...
Zoé et Yan s'adaptent très bien à la vie ici. Yan se fait des copains tout de suite avec les deux garçons de Rosine. 







Pendant ce temps de pause, nous en profitons pour inscrire les enfants dans une petite école française, celle de Gaël le copain de Yan, si vous avez bien suivi !!! Nous sommes super bien accueillis par Sylvie, la maîtresse qui gère cette école qu'elle a créée avec une main de fer dans un gant de velours. Elle est passionnée et pleine d'énergie. Les enfants se sentent très vite à l'aise et profitent des conditions de travail plutôt sympas avec même des cours de danse africaine sur la plage juste à côté. 



L'entrée de l'école


Merci Sylvie, te rencontrer à été un vrai plaisir pour nos enfants mais aussi pour nous et bravo pour tout ce que tu accomplis. Merci aussi aux enfants et autres enseignants qui ont accueilli mes enfants comme s'ils les connaissaient depuis toujours.

Je profite aussi de cette pause pour essayer de rattraper notre retard, sur ce blog. Pas si simple, entre télécharger les photos sur l'ordi, les trier, les mettre dans le bon sens, les réduire, les télécharger sur mon drive, rédiger les articles.... bref, vous l'aurez compris c'est du travail.

Jean-Marie, lui donne un coup de main à Jean-Marc, mais aussi ici sur le campement, pour ceux qui le connaissent vous savez qu'il ne peut pas rester sans rien faire et que c'est le roi du bricolage. Alors autant exploiter ses qualités.

Quitter cette petite famille qui a su nous accepter comme faisant partie de leur famille est vraiment difficile. C'est un peu comme quitter nos proches au moment du départ de France, sauf que ce coup-ci, nous ne savons pas si nous aurons la possibilité de les revoir un jour ! Drôles de sensations !!!
Mais le voyage continue et notre envie, notre curiosité pour aller voir la suite nous motivent, nous reprenons la route.

Un grand merci à toi Rosine, mais aussi aux filles et à tes deux loulous, sans oublier Djembo. Nous avons passé un super moment avec vous, sans oublier la soirée de fête. Vous nous avez beaucoup gâtés. Nous vous emmenons avec nous dans nos cœurs.


Baila 

En arrivant dans ce village, nous faisons comme d'habitude, nous cherchons un lieu pour  passer la nuit. Nous ne voulons pas d'hôtel, ni de location juste un espace où planter la tente. Un homme s'approche de nous, il nous parle d'un campement, nous lui expliquons que nous n'avons pas trop d'argent... il nous dit que ce n'est pas grave que nous pouvons quand même venir au campement.
Ce village est jumelé avec Houdan en France, qui a aidé à la mise en place de ce campement villageois. L'objectif étant que cela rapporte au village et pas seulement à une personne.
Cet endroit est sympa et agréable, nous sommes super bien accueillis par les 2 personnes qui s'en occupent Baboucar et Abasse, ils sont adorables. Nous conseillons cette adresse à tous ceux qui passent pas ici. 





Nous rencontrons un groupe de pompiers espagnols qui, lorsqu'ils auront fini leur tour en Casamance,  laisseront leur vélo à une association, allez voir le site de l'organisme avec lequel ils fonctionnent : bicicletassinfronteras.org 

Nous rencontrons aussi un allemand, Eberhard, qui est ici en mission pour montrer, expliquer et aider la population à construire des lampes et four solaire. C'est lui qui a inventé la lampe, il nous en fait la démonstration. Le site à découvrir pour ceux que cela intéresse : eg-solar.de






Abéné à Bessire du 25 mars au 30 mars

Avant de remonter sur Dakar en traversant la Gambie par la trans-Gambienne, nous nous dirigeons vers Abéné, le nord de la Casamance pour retrouver des français rencontrés sur le bateau. Nous rencontrons également Christian qui nous invitera à manger et nous informera d'une grande fête de préparation à la cérémonie de la grande circoncision qui aura lieu en août prochain. Pour ceux qui se poseraient la question, je vous rassure, aucun acte chirurgical n'est accompli à ce moment !
C'est une fête typique Diolas (une des ethnies du Sénégal) qui a lieu tout les 30 ans environ. Chaque village l'organise à son tour. Tout le village se regroupe pour danser, jouer de la musique, faire péter des canons... Les futurs initiés, c'est à dire tous les hommes et jeunes garçons qui ne sont pas encore passés par le bois sacré dans lequel ils devront rester entre une semaine et un mois suivant les villages, portent une tenue spéciale avec de grands colliers de perles. Ils doivent danser à l’intérieur d'un immense cercle fait par toutes les femmes du village qui tapent deux morceaux de métal l'un contre l'autre, à l'unisson et en rythme. Cette musique est accompagnée par un tambour, qui est changé d'ailleurs le deuxième jour par un nouveau, fait pour la circonstance et qui durera jusqu'à la prochaine grande cérémonie, dans 30 ans environ. Il y a aussi le dieu de la forêt, qui peu venir la nuit, dans ce cas toutes les lumières doivent être éteintes et plus aucun bruit ne doit régner pour ne pas l'attirer sur nous. Et bien, croyez-moi si vous le voulez, mais lorsque jusqu'à tard dans la nuit le village est rythmé par les femmes et le tambour et que vous vous endormez profondément sur ce rythme et que tout d'un coup plus rien !! Eh bien, même très fatigué, vous vous réveillez, même les enfants, qui dormaient depuis longtemps à poings fermés, se sont réveillés... le silence ferait-il du bruit ????





Pour voir les vidéos de la fête: Clic1 Clic2 Clic3 Clic4

Bref, Grand moment, que nous avons partagé avec Sidia et sa famille. Merci à eux pour cet échange culturel et humain d'une grande richesse.




Sur la route 

Nous reprenons la route en direction de Bignona, puis Sénoba, la frontière entre la Casamance et la Gambie. Globalement tout va bien, la route monte presque tout le long mais la pente est assez douce.
La route est droite et presque monotone, elle traverse régulièrement des petits villages. Les salamalécoum (désolé pour l'orthographe !) auquel on répond malécoumsalam = bonjour en arabe mais qui est très largement utilisé au Sénégal et les kassoumay auquel on répond kassoumay kep = bonjour ça va ? en Diola qui est le plus répandu ici en Casamance alors que plus haut ce sera nagadef auquel on répond manifi fusent à droite et à gauche. Les anciens nous saluent avec un sourire de surprise et les enfants nous courent après. C'est incroyable comme ils peuvent avoir de l'endurance, il n'est pas rare que certains enfants nous suivent sur un kilomètre, voire plus. Zoé et Yan ont du mal à comprendre pourquoi ils font cela, Zoé a même tendance à avoir un peu peur de cette persévérance !

Avant Bounkiling, nous roulons tranquillement, la route descend (pour une fois !) un jeune homme nous suit en vélo depuis plusieurs minutes quand tout à coup il se met à nous appeler en criant énergiquement. Sur le moment, on se demande ce qu'il nous veut, peut-être que quelque chose est tombé des vélos ?? Non !
Il a arrêté de pédaler et nous fait des grands gestes tout en nous parlant mais nous ne comprenons rien.
Je remonte à sa hauteur, et là, je vois un jeune homme affolé qui me montre le "fambondy" en bas au village. Il m'explique qu'il ne faut pas y aller, qu'il est méchant et qu'il va nous taper... le cerveau de Zoé tourne à plein régime.
J'essaye de le rassurer sur le fait qu'il ne pourra pas nous courir après... que nous allons passer ensemble. Rien n'y fait, il a peur. Il arrête un tracteur qui passait pour mettre son vélo dedans. Nous nous continuons en ouvrant tout de même bien nos yeux et surtout en appuyant un peu plus sur les pédales !! On se tait, afin de le prendre par surprise. Et c'est ce qui se passe, je pense que ce personnage a été plus surpris de voir des toubabs en vélo que nous de le voir.

Un fambondy, mais qu'est-ce que c'est ? C'est une personne habillée d'un costume tout rouge qui agite des grands coupe-coupe afin de faire peur à la population qu'elle croise. C'est une coutume Diola au moment des fêtes de circoncision. Tout le monde en a peur et se met à courir en le voyant. D'ailleurs en traversant le village nous n'avons vu strictement personne !!! chose impossible en Afrique !

 la photo n'est pas de nous, mais prise sur internet, c'est pour vous donner une idée du personnage.

Le soir nous dormons à l'arrière de la pharmacie de Mamadou, à Bounkiling. Nous passons une soirée sympa à échanger sur les coutumes et fonctionnement des différents pays. C'est très intéressant, et nous permet aussi de prendre plus de recul, de voir les choses sous un autre angle... Merci à toi et à ton frère à qui on souhaite de réussir son bac.

Nous nous approchons de la frontière, la température, comme la route, monte et devient vraiment fatigante, le vent est toujours de face. Nous nous arrêtons entre 12h et 13 h pour ne reprendre que vers 17h tellement il fait chaud. Mais même ce temps de repos nous fatigue, du moins la chaleur. Nous n'arrivons plus à recharger comme il faut nos batteries.

Ce scénario va durer 5 jours, la température est aux alentours de 43° à l'ombre (mince je n'ai pas pensé à faire une photo du thermomètre, mon cerveau est trop ramolli !!). Nous faisons l'erreur de nous arrêter sous un arbre mais en pleine savane afin d'éviter l'attroupement dans un village. Une erreur, oui, car le vent qui souffle est brûlant et nous dessèche littéralement. Nous perdons l’appétit de fatigue, seul boire nous intéresse et manger des "crème-glace" au bissap ou au pain de singe. Ce sont des petits sachets en plastique dans lequel les femmes ont préparé une sorte de sirop de bissap ou hibiscus, ou pain de singe, le fruit du baobab, qu'elles font glacer au congélateur. Un délice, on adore surtout le bissap.
Si nous n'étions pas en vélo, nous aurions fait le plein !!! On en trouve assez facilement dans les villages. Le petit c'est 25 Francs CFA et 50 le grand soit 0,038 € ou 0,076 €. Un petit plaisir qui ne nous ruine pas. D'ailleurs on copierait bien l'idée, de retour en France, les enfants on déjà prévu de faire la sortie des écoles pour vendre leurs crème-glace lol !

Bref, c'est assez dur, mais tout les soirs nous avons la chance de trouver des personnes remarquables qui nous hébergent, nous chouchoutent... C'est le cas à Sénoba, avec les militaires, et en particulier Henry. Ils nous permettent de s'installer dans leur enceinte, nous amènent de l'eau, à manger... et viennent toujours voir ci cela va. Mais aussi les chefs de village comme Alfa à Domoro, petit village sans électricité, pourtant en bordure de nationale ! Et surtout, les sœurs catholiques de Gandiaye qui nous récupèrent bien fatigués, Jm malade. Elles vont nous chouchouter bien plus qu'espéré. Il y a eu aussi celles de Fatick.


La sœur Anaïs de Brin

Henry l'écrivain

Les sœurs de Gandiaye, nos bienfaitrices

Nous devons saluer le travail que font toutes ses femmes avec tant d'amour, de foi et d'abnégation. Elles ont en général mis en place un dispensaire, des écoles, primaire, collège mais aussi lycée, des foyers pour les jeunes filles... Elles accueillent tout le monde sans distinction religieuse...
Ce qui avec Jm nous amène beaucoup de réflexion sur cette vie en collectivité, sur leur générosité et aussi sur la différence avec les musulmans au niveau du service à la personne. Nous n'avons pas vu, d'organisation similaire avec les musulmans. Nous sommes pourtant dans un pays à dominance musulmane et dont la population manque de moyens !! Existe-t-il une entraide équivalente ? Sous quelle forme ? dans quelle domaine ?  avec autant d'ouverture ?
Nos réponses sont encore ouvertes.... nous poursuivrons cette réflexion encore un peu plus loin.

Un grand merci à vous tous.

Après la frontière Gambienne, on nous avait prévenu que la route était mauvaise, et bien je crois que le terme est un peu faible, nous sommes pourtant sur la nationale qui rejoint Dakar. Je pense que le gouvernement a du oublier que cette route tant empruntée par tous ceux qui vont en Casamance existe !
Voyez par vous même !






Pour la première fois au Sénégal, nous croisons sur la route qui nous amène vers Mbourg des cyclistes. Sarjo, un grand cycliste Gambien, il fait à la fois de la compétition et du cyclotourisme. Il nous suivra sur un petit bout ce chemin, avant de continuer sur Dakar.
Daniel et Manuel deux portugais qui se rendent en Guinée. C'est sympa de discuter sur nos expériences... des histoires de cylco-voyageurs quoi !!



Après Fatick, la chaleur diminue, les montées aussi, nous respirons ouf!! Nous sommes aussi bien motivés pour rejoindre nos amis de Popenguine, Danielle, Ibrahima et Dior. Nous adorons ce village bien tranquille sur la côte. 
Et puis, cela veut aussi dire que nous allons repasser sur Saly, la ville "Française" du Sénégal. Nous n'aimons pas particulièrement trop, mais cela a l'avantage d'être un lieu où l'on retrouve beaucoup de nos produits. Les enfants rêvent de glace à tous les parfums, mais aussi de fromage, de saucisse, yaourt, de pizzas... 
Arrivé donc à Sally, nous nous arrêtons dans une "grande" surface, enfin pour nous !! pour quelques achats européens. Pour la glace, pas de temps à perdre, dès sortis du magasin nous lui faisons sa fête, hummmmmm que c'est bon !!


Pour continuer sur Popenguine, nous décidons de prendre la piste, la nationale ça va un temps !!
Ce n'est pas le plus facile, mais c'est vraiment plus beau. Nous passons par la lagune de la Somone, un endroit sec à cette saison sur une bonne partie. Il nous faudra pousser les vélos dans le sable pendant un petit moment, ce qui échauffe un peu la patience de l'équipage. Nous retrouvons après une vingtaine de kilomètre le goudron que nous connaissons déjà. 







Nous arrivons à Popenguine, tout joyeux de notre périple depuis la Casamance et tout content aussi de retrouver nos amis et aussi nous devons l'avouer un peu de confort, une douche, c'est bien quand même lol!!!





Plus que quelques jours et nous dirons au revoir à ce pays qui a tellement enrichi notre questionnement, nos réflexions... Mais pour l'instant nous PROFITONS

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